Dans un
système économique en mutation rapide, chacun s’accorde
aujourd’hui à considérer que les SPL,Pôles de
Compétitivité et autres clusters fournissent un
élément de réponse pour renforcer le potentiel de
développement des entreprises et, plus largement,
l’attractivité du territoire (cad sa capacité à
retenir les entreprises existantes et à en attirer de nouvelles)
et la création d’emplois.
Qu’en est-il
exactement ? peut-on considérer que ces nouveaux outils, ces
concepts majeurs largement connus à travers des success stories
telles que la Silicon Valley ou Sofia-antipolis ont une vertu
opératoire aussi remarquable que certains témoins veulent
bien nous le laisser croire ? et ce quel que soit le territoire
concerné .
En d’autres
termes, 1/ de quoi parlons-nous exactement : quels sont les fondements
de ce concept majeur ? 2/ en quoi l’approche proposée
est-elle réellement novatrice et peut fournir une
réponse adaptée aux mutations des dix prochaines
années 3/ comment les acteurs majeurs du territoire peuvent-ils
s’en saisir 4/ quelles sont les limites de l’’exercice engagé ?
comment construire un projet de territoire qui intègre ces
nouveaux outils en se protégeant des effets d’annonce (et des
labels qui les accompagnent) pour mener un travail de fond dans lequel
les acteurs locaux doivent prendre (ou conserver) une place
prépondérante : "les clusters ne se
décrètent pas, ils sont issus d’une dynamique propre au
territoire" .
Soulignons, tout d'abord, un
enjeu majeur : les clusters nous fournissent une réponse
positive afin de mieux bénéficier de la mondialisation
des échanges
Le premier constat est connu : le tissu économique est
soumis à des mutations de grande ampleur (mondialisation
croissante des échanges, innovations technologiques fortes et
quasi-permanentes) .Considérées comme exceptionnelles
dans les années 80, les mutations économiques
s’inscrivent maintenant dans la réalité quotidienne des
entreprises et des salariés dans le cadre d’une économie
mondiale en forte croissance (à l’exception de l’Europe de
l’Ouest et plus particulièrement de la France).
En d’autres termes, les mutations économiques ne sont pas
seulement une série de catastrophes contre
lesquelles il convient de se prémunir mais, au contraire, elles
fournissent un ensemble inégalé d’opportunités
qu’il convient de saisir pour accéder à de nouveaux
marchés en plein développement.
Notre analyse s’inscrit clairement dans cette seconde lecture : Dans
quelle mesure les clusters nous permettent-ils de mieux
appréhender les compétences dont nous disposons et nous
aident-ils à accéder plus rapidement et plus efficacement
à de nouveaux marchés ?
1.
L’émergence du concept au cours des 20 dernières
années
Le concept de « cluster » (ou grappe d’activités) a
d’abord été connu en France grâce aux travaux des
économistes italiens qui ont analysé les «
districts industriels » au cours des années 80.
Les caractéristiques sont bien connues : concentration d’un
très grand nombre de petites entreprises (5 à 10
salariés) disposant d’une identité économique
clairement définie (technologie ou couple produit-marché)
générant un nombre élevé d’emplois dans un
territoire donné (milieu rural dans de nombreux cas) ; ces
petites entreprises entretiennent entre elles des relations de
concurrence-coopération (elles s’associent sur un contrat et
peuvent être en concurrence sur un autre) et le
système prend appui sur un ensemble de valeurs (lien social).
Ces districts ont fait preuve d’une dynamique certaine, d’une
réelle capacité d’innovation et d’une adaptabilité
importante en fonction des demandes du marché.
Cet âge d’or de la troisième Italie semble révolu
puisque,aujourd’hui, certains d’entre eux se trouvent en
difficulté.
Les travaux des économistes italiens ont été
prolongés dans le cadre des travaux universitaires par les
équipes du GREMI (groupe de recherche sur les milieux
innovateurs) au sein desquels on peut noter les travaux de Denis
Maillat (Université de Neuchatel) et, en France, les travaux de
Claude Courlet et de Bernard Pecqueur.
La seconde contribution, elle aussi majeure, provient des travaux de
Michael E.Porter qui a fourni la base d’analyse des
principaux travaux ultérieures . Les définitions
proposées seront reprises dans la suite de ce texte.
La troisième contribution me paraît être celle du
Colloque de l’OCDE (Paris 1996) qui a mis en lumière la
diversité des types de clusters et leur adaptation dans des
contextes très différents : milieu rural et/urbain, pays
développés et/ou pays en voie de développement.
Sur cette base, la France a fait réaliser un premier
inventaire des clusters existants en France (1996
) et lancé deux appels à projets
concernant les S.P.L. (Systèmes Productifs Locaux) ce qui a
permis de labelliser environ 100 S.P.L.
Enfin, en 2004, la Datar lance un appel à projets portant sur
les Pôles de Compétitivité : 105 dossiers
déposés, 66 retenus (dont 16 de rang mondial).
Cet historique permet de mettre en lumière les points suivants :
- Le concept de « cluster » est un des rares concepts
majeurs élaborés au cours des vingt dernières
années : il modifie de façon radicale l’analyse des
conditions de développement des entreprises présentes sur
un territoire car il offre une alternative à l’analyse
sectorielle mais aussi au concept de filière qui, l’un et
l’autre, sont peu aptes à rendre compte de l’ancrage territorial
des entreprises et de l’importance de la proximité.
En outre, il met en lumière l’existence d’une nouvelle forme
d’organisation des entreprises, une troisième voie entre la PME
indépendante et le groupe intégré. Cette voie nous
paraît la plus riche en potentiel de développement.
- Ce concept a pu prendre appui, au sein des entreprises, sur le
développement des stratégies d’alliances qui, au cours
des années 90, sont apparues comme un des outils majeurs de
l’analyse stratégique pour acquérir des ressources
externes dans de bonnes conditions . La procédure Eureka a
été mise en place au cours de la même
période (1985-1986) pour renforcer les partenariats
technologiques.
- Ce concept a fait l’objet, dans de nombreux pays, de politiques
actives de soutien aux « Systèmes Régionaux
d’Innovation » sans utiliser de labels tels que ceux qui sont
utilisés en France. En d’autres termes, il ne faut pas confondre
la dynamique d’un cluster et le fait de bénéficier (ou
non) d’un label gouvernemental.
- Ce concept nourrit actuellement de très nombreux
échanges tant sur le plan conceptuel que sur le plan des
échanges de bonnes pratiques : le congrès mondial du
« Competitiveness Institut » qui s’est tenu à Lyon
en Octobre 2006 met en lumière l’ampleur du
phénomène et la liaison étroite avec le concept de
Compétitivité qui propose une approche cohérente
des conditions de développement d’un territoire.
2.
Essai de définition : la triple hélice
•
La première définition peut se formuler ainsi :
« Le cluster est un réseau d’entreprises et d’institutions
proches géographiquement et connectées entre elles par
des métiers, des technologies et des savoir-faire communs
».
Elle met l’accent sur les 5 facteurs de base déjà
indiqués :
- une concentration d’entreprises sur un territoire donné.
- une identité économique forte portant sur une
technologie (ex : décolletage de la vallée de
l’Arve) ou un couple « produit-marché » (ex :
lunetterie du jura).
- L’intensité des relations inter-entreprises marchandes ou non
marchandes . La proximité physique permet de développer
des systèmes d’échanges qui portent non seulement sur
l’information mais aussi sur les connaissances dans une approche
informelle. Cette aptitude permet de développer des relations de
concurrence-coopération en fonction des opportunités et
des contrats négociés.
- des ressources stratégiques organisées pour constituer
des foyers d’innovation : formation, veille, intelligence
économique, centres techniques, financements …
- une culture commune.
•
La seconde définition met l’accent sur quatre
familles d’acteurs qui, au sein du cluster, développent des
relations spécifiques : «
Les clusters sont des écosystèmes fondés sur des
dynamiques de coopération et de concurrence entre acteurs
».
Les quatre catégories
d’acteurs sont les suivants :
-
Les entreprises
- Les structures de recherche
et de formation :
universités, laboratoires, centres de valorisation.
- Les pouvoirs publics : Etat,
Collectivités
Territoriales,
- Les prestataires
fournisseurs de ressources connexes : immobilier,
financements, fiscalité …
Ceci rejoint le schéma de la « Triple hélice
» (Source : Etzkowitz (2002) qui met l’accent sur les trois
composants du cluster :
-
L’industrie
- Le monde académique
et de la recherche.
- L’Etat et les
Collectivités Territoriales
dans leurs différentes composantes.
Ces définitions permettent de préciser les conditions
dans lesquelles un cluster peut émerger et se développer
.
- Le cluster nécessite la présence des trois types
d’acteurs sur le territoire : Dans certains SPL, mais aussi dans
certains Pôles de Compétitivité, le volet «
académique » reste faible et fragmenté entre
écoles d’ingénieurs et université, entre recherche
et enseignement supérieur . Cette faiblesse, bien connue, a
longuement été explicitée dans le Rapport de
Christian Blanc (2004) et a donné lieu à un
ensemble de propositions qui, dans le domaine de la recherche et
de l’université, n’ont pas (encore ?) été mises en
œuvre. En d’autres termes, dans les trois facteurs qui conditionnent un
renouveau majeur de notre écosystème, un seul a
été mis en œuvre.
- Le cluster existe dans la mesure où les principaux
acteurs ont su établir entre eux des relations de
confiance dans un milieu qui favorise les échanges formels et
informels : ceci met en lumière la nécessité d’une
réelle gouvernance dans les Pôles de
Compétitivité : cette gouvernance ne se
décrète pas (cf initiatives préfectorales), elle
s’inscrit dans un processus d’apprentissage.
- Le cluster nécessite la mise en pratique d’une
organisation souple et évolutive qui lui permet d’assurer sa
transformation permanente en fonction de l’évolution du
système économique au sein duquel il évolue :
l’échange de « connaissances » sous toutes ses
formes est au cœur du système : le cluster peut se renforcer
voire éclater en plusieurs éléments distincts ; il
peut aussi régresser et disparaître.
En d’autres termes, le cluster est un système vivant en
perpétuelle évolution et les labels attribués ne
changeront rien à cette réalité.
- Ces définitions, simples dans leur formulation,
nécessitent une pratique, un savoir-faire qu’il est
particulièrement difficile de formaliser.De même, il est
particulièrement difficile d’évaluer les avantages
fournis par le cluster en termes d’innovation, de productivité
voire de création d’entreprises.
Les travaux déjà réalisés montrent
bien la difficulté de ces travaux et le fait qu’ils n’apportent
pas, en tant que tels, une démonstration éclatante des
avantages obtenus par les principaux acteurs et notamment les
entreprises.
3.
L’expérience française : un bon départ
En moins de dix ans , le concept de cluster a été
pris en compte par les principaux acteurs à l’initiative des
pouvoirs publics qui ont lancé deux types d’appels à
projets débouchant sur un processus de
labellisation.
- Les appels à projets portant sur les S.P.L. (Systèmes
Productifs Locaux) : Sur un total de 200, une centaine ont
été labellisés sur la période 1998-2002. La
plupart sont des clusters industriels sans référence
explicite à l’activité recherche-développement.
(ex : PerfoEst pour le secteur automobile de l’est).
La plupart des SPL continuent de vivre, cad de se développer
:d’après les quelques informations recueillies, 30 % n’existent
plus en tant que SPL ce qui paraît un taux de survie tout
à fait satisfaisant compte tenu des moyens limités mis en
œuvre et du manque d’expérience des différents
opérateurs.
- Les appels à projets portant sur les Pôles de
Compétitivité (depuis 2004) : la définition des
Pôles de Compétitivité indique clairement le
niveau d’ ambition annoncé :
• « la combinaison, sur un territoire donné, d
’entreprises de centres de formation et d ’unités de recherche...
• engagés dans une démarche partenariale destinée
à dégager des synergies autour de projets communs
à caractère innovant ...
• et disposant de la masse critique nécessaire pour une
visibilité internationale ».
Deux caractéristiques sont essentielles : 1/ La présence
nécessaire d’activités de recherche qui
définissent des projets en commun avec les entreprises 2/
la capacité à exister au niveau international i.e.
mondial.
Le succès de l’appel à projets a dépassé
toutes les prévisions : 105 dossiers ont été
déposés malgré les délais trop courts qui
avaient été fixés. 66 ont été
retenus (dont 6 pôles mondiaux et 10 à vocation mondiale).
Entre les tenants d’une approche restrictive qui plaidaient pour un
stricte respect du cahier des charges (12 à 15 pôles
étaient en mesure de répondre à l’ensemble des
critères) et les tenants d’une approche élargie (il
ne faut pas décourager de nombreuses dynamiques locales
très positives ; le tri se fera par l’expérience), la
seconde tendance l’a emporté après arbitrage du premier
ministre.
Certes, les moyens financiers initialement prévus ont
été renforcés mais, in fine, on perçoit
bien que le financement sera très concentré : « 5
pôles ont 50 % des financements et la première
moitié 95 % : le risque de saupoudrage est écarté
».
En résumé, la démarche actuellement engagée
en France se caractérise comme suit :
• une approche réellement novatrice se met en place
progressivement sans nécessiter de réforme majeure au
niveau de l’Etat. Une réelle dynamique qui, au-delà de
l’effet d’appel initial, se poursuit aujourd’hui .
• une démarche (l’appel à projet) qui, in fine, prend
appui sur la dynamique locale des acteurs (bottom up) et non pas sur
une décision centralisée (top down) même si les
préfets se sont organisés pour être présent
au sein du dispositif.
• une ambiguité sur le label : effet de notoriété,
accès à des financements mais quid de l’évaluation
en continue ? quid des conditions de développement au terme de
la période de trois ans après l’appel à projets ?
• L’importance accordée à la gouvernance du
pôle cad à l’aptitude des acteurs du pôle à
travailler ensemble. Le « pivot » d ’un pôle de
compétitivité appartient de préférence au
secteur privé.
• Un certain empirisme puisque chacun sait que le classement en trois
groupes ne tiendra pas dans le temps.
• Une réelle incertitude sur le mode d’implication des
collectivités territoriales présentes dans le club des
financeurs : quel est leur niveau de compréhension des
Pôles de Compétitivité ? ont-elles mesuré
leur impact sur le développement économique du territoire
?
• Une gestion trop centralisée (ou trop étatique) du
dispositif : actuellement, le pilotage et le suivi restent
assurés par le GTI (groupe de travail interministériel).
Le GTI reste une structure d’Etat qui n’a pas pour vocation d’assurer
durablement le développement des Pôles de
Compétitivité et leur représentation à
l’international (cf Bruxelles).
Nous proposons de créer une « Fondation des clusters
» qui,prenant appui sur les entreprises et structures
présentes dans les Comités de Direction des pôles,
puisse renforcer la dynamique de l’ensemble et sa présence
à l’international.
• Des financements limités et aléatoires
malgré leur progression et l’effort fourni pour simplifier la
gestion des projets déposés : cf rubrique 4. L’importance
des grandes entreprises dans l’organisation du pôle et
affaiblissement des PME.
Cette prépondérance paraît nécessaire en
phase de lancement du pôle pour structurer le dossier et
structurer une gouvernance centrée sur les entreprises.
Elle peut s’avérer dangereuse si elle réduit la place des
PME dans le système et si le pôle se trouve trop
dépendant des arbitrages rendus par le groupe industriel dans le
cadre international qui est le sien.cf les Bigpharma dans les
pôles biotech et sciences du vivant .
4.
Comment renforcer l’ancrage territorial
des clusters ?
41. Une dynamique
à préserver sur la période 2007-2013
En premier lieu, leur notoriété ne s’est pas affaiblie,
bien au contraire :
• Ils sont explicitement mentionnés dans le CIADT de mars 2006.
• Leur nombre augmente alors même que certains processus de
regroupements ont été mis en œuvre.
• Ils sont spécifiés dans le cadre de la
préparation des CPER (Contrats de projets Etat Région)
qui couvrent la période 2007-2013 : ils constituent la majeure
partie ldu « Système Régional d’Innovation » .
Ceci permet d’inscrire les Pôles de Compétitivité
et autres clusters dans une démarche longue avec une dotation de
moyens propres et, si possible, la mise en place d’indicateurs de
performances lisibles qui, à ma connaissance, n’existent pas
encore aujourd’hui.
42.Préciser le
mode d’implication des collectivités territoriales
Nous attendons des Régions et des grandes agglomérations
qu’elles puissent répondre aux questions suivantes :
-
Comment font-elles pour comprendre réellement les
caractéristiques de chacun des pôles présents sur
leur territoire ( au-delà de la satisfaction affichée) ?
- Comment s’organisent-elles
pour s’y trouver mieux associées
notamment à travers les moyens qui sont les leurs : chaîne
immobilière de l’innovation par ex.
- Comment faire évoluer
leurs modes de financements ?
- Comment les Régions
vont-elles s’organiser pour définir
les clusters d’intérêt stratégique et ne pas se
limiter à la liste des Pôles de
Compétitivité établie au niveau national ?
43. Une lecture
sélective s’impose : les pôles mondiaux et les autres
Le clivage reste particulièrement net entre les pôles
« mondiaux » et les autres pôles : l’essentiel des
moyens se portent sur eux ce qui correspond bien au texte de l’appel
à projets initial.
Les autres clusters doivent pouvoir s’inscrire dans les pôles
régionaux qui feront l’objet d’une contractualisation
spécifique dans le cadre d’une stratégie
économique régionale explicite orientée sur
l’innovation et le renforcement de l’attractivité des
territoires.
44. Suivre avec
attention l’évolution réelle des financements et la
sélection des projets.
• L’état initial était bien connu :
- des ressources plus limitées puisque les 700 M prévus
pour 12 à 15 pôles sont passés à 1,5 Ma pour
67 pôles !
- des financements pour partie assurés par des structures ayant
leurs propres critères d’analyse (ex : CDC,OSEO,AII (Agence de
l’innovation industrielle) ANR (Agence Nationale de la Recherche) :
double handicap : lourdeur des dossiers à présenter dans
chaque organisme, aléas sur les modes de sélection et,
aussi, le peu d’enthousiasme de certains organismes pour s’engager dans
cette démarche ( cf le débat du CNER).
• Le dernier CIACT (mars 2006) a tenté de pallier ces faiblesses
compte tenu des critiques émises :
- création d’un dossier type de demande de subvention.
- création d’une procédure unique d’instruction pour les
dossiers R/D : création d’un Fonds unique de
compétitivité des entreprises dont les dotations seraient
renforcées (+ 300 M).
• Plus de 300 M ont déjà été engagés
pour le financement des dossiers d’opérations retenus.
45. S’assurer du
développement d’une réelle gouvernance (la gouvernance
est un apprentissage)
La mise en place d’une réelle gouvernance est l’un des enjeux
forts des Pôles de Compétitivité car elle doit
permettre aux principaux acteurs impliqués 1/ de se
connaître 2/ d’apprendre à travailler ensemble pour
acquérir cette vitesse de réaction qui est l’un des
critères de performance des systèmes innovants. (cf
Rapport Blanc p 6).
Dans la phase initiale de mise en place des pôles, plusieurs
acteurs se sont inquiété du rôle confié aux
préfets dans ce domaine : le préfet a la charge du
« Comité de coordination partenarial » …
Confier à un fonctionnaire d’autorité la charge d’une
mission d’animation d’acteurs qui, pour l’essentiel,
appartiennent la société civile peut surprendre .
Qu’en est-il aujourd’hui ?
La création des associations doit permettre d’organiser une
gouvernance plus large : le nombre de leurs adhérents, leur
implication dans la gouvernance du pôles sont autant
d’éléments d’une dynamique propre issue de la base .
A titre d’exemple, l’association pour le pôle «
Aéronautique et Espace » de Toulouse a rassemblé
quelque 400 adhérents. Cela paraît un signal fort qu’il
convient de prendre en compte .
46. Renforcer la place
des PME dans les Pôles de Compétitivité
Les PME ne représentent pas une catégorie homogène
que l’on peut traiter globalement. Dans les Pôles de
Compétitivité, on peut distinguer trois catégories
de PME qui peuvent s’inscrire dans la logique des clusters :
-
Les startups avec lesquelles les Grandes
Entreprises travaillaient auparavant et qui sont naturellement
impliquées dans la dynamique de la
recherche-développement des pôles : le premier cercle.
- Les PME que l'on
peut associer
directement au développement du Pôles de
Compétitivité car elles travaillent
déjà avec les principales entreprises concernées
ou se sont organisées dans le cadre d’un SPL : le
deuxième cercle.
- Les PME que l’on
souhaiterait associer
à la dynamique d'un pôle et qui en sont actuellement
très éloignées : le troisième cercle.
l’effort à
fournir porte principalement sur les PME du
troisième cercle : il est nécessaire de construire un
véritable annuaire des entreprises qu’il convient de
mobiliser et ouvrir un vrai débat sur les outils, les
méthodes pour convaincre ces entreprises de s’engager
progressivement dans cette démarche.
5.
Les clusters, un espace qui permet de mettre en œuvre dès
maintenant cette transformation majeure du système
économique français
Les analyses sont convergentes pour considérer que le
système économique français nécessite une
transformation radicale qui prend appui sur trois transformations
majeures :
-
Le développement des clusters
- La réforme de la
recherche et de l’université
- Une forte implication des
régions dans l’innovation et le
développement économique.
Seul le premier volet a pu être mis en œuvre dans le cadre de
l’appel à projets de la DIACT sur les Pôles de
Compétitivité. Les deux autres transformations sont en
attente de décisions politiques dont personne ne peut
aujourd’hui préciser le calendrier.
Si le niveau national est frappé d’immobilisme, on peut
considérer que cette démarche peut être
engagée au niveau des territoires : En effet, les Pôles de
Compétitivité permettent :
• de mettre en valeur les laboratoires de recherche (privés et
publics) qui font la preuve de leur ouverture et de leur aptitude
à définir des projets en commun avec les entreprises
quelle que soit leur structure de rattachement : CEA, INSERM, CNRS …
• d’inciter les Régions à articuler une stratégie
économique spécifique centrée sur l’innovation et
qui définit clairement les clusters retenus alors même
qu’ils ne sont pas pris en compte dans le processus de labellisation
nationale des Pôles de Compétitivité et des
clusters. La préparation du CPER et des programmes
européens offre une opportunité que les Régions
doivent saisir maintenant.
A travers les clusters se dessinent des modes opératoires
nouveaux qui permettent de contribuer à faire évoluer
plus rapidement un système économique centré
sur l’innnovation et sur l’aptitude à gérer positivement
les mutations.
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